Le Capitaine "Thérèse"

Pierre Julien Jacques MONTANBAULT, fils de Pierre MONTEMBAULT et de Julienne MAUBERT, est né à Laignelet (Ille-et-Vilaine, France) le 18 novembre 1771. Il demeura à Nantes et y mourut.
Il fut capitaine de la 3eme compagnie de la légion royaliste de Fougères (Fleurigné, Ille-et-Vilaine). Il était surnommé "Capitaine Thérèse".

Il combattit sous les ordres d'Aimé du Boisguy dès 1793. Il fut blessé à Granville (Manche) lors de combats de rues :

"A Granville, une troupe composée de jeunes gens de Fougères et de Vitré forte d'environ quatre cent hommes ayant à leur tête Aimé du Boisguy, Duval, du Pontavice, Mercier, Hubert et Blondiau, combattit plus de deux heures dans les rues; mais n'étant pas soutenue, elle fut repoussée avec perte. Boueston, Boismartel, Montembault, Lebigre de Fougères, Travers, Legros, Gautier, Fouillet de Vitré furent blessés et emportés par leurs camarades." (1)

Il fut parmi les premiers capitaines nommés par Aimé du Boisguy au début de 1794, lorsque celui-ci décida de donner à sa troupe une organisation régulière :

"Les premiers capitaines de paroisses furent les deux frères Boismartel de Fougères, Bouéton Augustin, Montembault, Pilet, les deux frères Maupilé de Louvigné..." (2)

Le vicomte Le Bouteiller en brosse un élogieux portrait et évoque l'origine de son surnom :

"Pierre Montembault était capitaine de Fleurigné, quoiqu'il fût né à Laignelet. Il appartenait à une très honorable famille du pays qui, aujourd'hui encore, jouit d'une estime justement méritée. Il avait été en des premiers à suivre du Boisguy, avait fait à sa suite la campagne du Mans et s'y était particulièrement distingué. On raconte qu'à Meslay, dans le Maine, il s'était approché du fort où se tenaient les bleus, en faisant sans doute à l'aide de fascines une sorte de tortue, comme les anciens. Ils s'approchèrent ainsi de la muraille, y firent un trou à coups de baïonnettes, y déposèrent un baril de poudre et firent sauter le fort.
Montembault était connu sous le sobriquet de Capitaine Thérèse. Voici l'origine de ce surnom. Il était assez jeune (vingt-quatre ans en 1794) et d'une taille à peine moyenne (quatre pieds onze pouces dit son signalement), mais il était très leste et n'avait pas de barbe. Un jour il se trouva à Passillé, en Parigné, et je ne sais pour quelle cause, il s'était amusé à se déguiser en femme. Un détachement de bleus arrive à l'improviste. Montembault dut être probablement assez embarrassé de son accoutrement et se demander si la comédie n'allait pas avoir un dénouement tragique. Il fut tiré de ce mauvais pas par la présence d'esprit de la fermière. Avec la plus grande assurance et tout en continuant la conversation avec les bleus, elle s'adressa à la prétendue jeune fille : "Thérèse, ma fille, il est temps d'aller chercher les vaches.". Thérèse obéit immédiatement et, comme on le pense bien, ne s'occupa guère du troupeau. C'est depuis ce temps que Montembault fut toujours connu sous le nom de Capitaine Thérèse. Nous ne trouvons parmi les capitaines de du Boisguy aucun type plus chevaleresque et plus intrépide. Nous aurons à raconter de lui de véritables traits d'héroïsme. C'est une des figures les plus sympathiques que nous offrent les guerres de la chouannerie. Il dut son grade de capitaine à son ascendant et à son intrépidité.
Le Capitaine Thérèse s'établit à Nantes après la guerre et y mourut. Il avait été cautionné le 18 pluviose de l'an 8 par Jean Perrin de la Lande, demeurant à Fougères, rue de Paris, pour 3 000 fr. Nous le rencontrerons souvent dans le cours de notre récit."
(3)

Suite au quadrillage du Pays de Fougères opéré par les troupes républicaines dirigées par le commandant Bernard (désigné par le général Kléber) en mars 1794, le capitaine Montembault conformément à l'ordre de du Boisguy, dispersa sa compagnie en petites bandes qui se livraient à une multitude de petits combats qui se répétaient tous les jours dans les paroisses :

"Plusieurs capitaines se firent une réputation dans cette petite guerre, entre autres Boismartel, Joli-Coeur, Francoeur, Pilet, Montembault, Orger, Maupilé." (4)

Il participa à l'important combat de la Plochais en juillet 1795 où il se distingua par un fait d'armes singulier :

"On raconte en particulier qu'au plus fort de la lutte le capitaine Montembault aperçut au milieu des ennemis combattant contre les royalistes un soldat qui avait jadis fait partie de sa compagnie et qui avait déserté. A sa vue, il s'élança au milieu de la mêlée et saisissant les cheveux, il l'entraîna dans les rangs de ses soldats et le ramena à la place qu'il avait abandonné. Je ne sais s'il y resta." (5)

Il participa à l'attaque menée le 5 octobre 1795 par Aimé du Boisguy contre la garnison de carabiniers de Saint-Georges-de-Reintembault commandée par Joré :

"Il (le chevalier de Saint-Gilles) fut le premier à pénétrer dans le formidable carré des carabiniers où Duval, Renou, Poirier, Tuffin, Montembault, les deux Boismartel, Louvières, Oger, Javelle, Méserais et cent autres le suivirent avec leur brave général qui déclara le jour même devant toute sa colonne qu'on devait à Saint-Gilles la gloire de la journée." (6)

Sources :

(1) in Mémoires sur les guerres de la Chouannerie, Colonel de Pontbriand, Paris, Plon 1897, p.37, cité in La Révolution dans le Pays de Fougères, Vicomte Christian Le Bouteiller, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, 1989, p 240-241.
(2) ibid. p.65-72, cité ibid. p.316
(3) in Le Bouteiller, op. cit., p.324-325
(4) in Pontbriand, op. cit. 74-77, cité in Le Bouteiller, op. cit. p.336
(5) in Le Bouteiller, op. cit., p.434-435
(6) in Pontbriand, op. cit. 206-215, cité in Le Bouteiller, op. cit. p.461